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Hanspeter Hofmann / Bonheur automatique
Christoph Doswald

Depuis les années 90, l’artiste suisse Hanspeter Hofmann (*1960) poursuit une recherche systématique sur les bases épistémologiques de la peinture. Hofmann, qui vient des sciences naturelles, présente les résultats de ses recherches dans des expositions aussi bien que des livres. A la Villa Arson, il présentera l’état de ses recherches dans le domaine de l’imprimé. Avec le projet « Bonheur automatique », il poursuivra la question de l’interrelation entre des images provenant des mass-media et des images auratiques.

Dans le cadre de ce travail, il anime un atelier de sérigraphie avec des étudiants de la Villa Arson pendant une semaine. Le travail part d’éléments graphiques qui ont été produites par l’artiste. Dans son processus de création sur place, il les retravaille avec une imprimante en y intégrant aussi bien des informations quotidiennes tirées des médias que des images produites par les étudiants.
Les feuilles qu’il obtient ainsi sont appliqués directement sur le mur de l’espace d’exposition. Dans un acte performatif constamment en évolution, il obtient ainsi une œuvre qui ressemble à un réseau ou tressage basée sur l’actualité. Dans une perspective plus large, le travail aborde des questions qui concernent les interrelations entre différentes catégories d’œuvres artistiques : l’image imprimée, la peinture, la performance et l’installation.

La question de savoir s’il y existe une relation linéaire entre des stimulations chimiques et des états d’âme, voire si (et comment) il est possible de rendre fertile les interfaces quasi-mécaniques qui existent entre homme et monde pour la création, est un élément clé des expérimentations artistiques de Hofmann. Depuis les années 90, il opère avec une constante formelle précise qu’il varie légèrement pour élucider le processus de création qui forme son centre d’intérêt principal. Hofmann cherche ainsi à savoir si le mouvement de création peut être simulé, déclenché ou influencé de manière mécanique.
Dans l’esprit de la factory de Warhol, Hofmann se meut dans des réseaux qui lui permettent un ajustement continu d’idées, d’opinions et d’images. Il se conçoit comme membre d’une communauté discursive de consommation, de recherche et de communication dont cependant il questionne et commente constamment les règles et mécanismes. Dans ce cadre, l’imprimé joue le rôle de médium de référence. Pour Hofmann, l’imprimé est à la fois point de départ et d’arrivée : d’un côté, il fait volontiers usage de morceaux tout faits de la communication des mass-media, notamment des éléments typographiques, des images photographiques de l’industrie de consommation et des reproductions qui proviennent de livrets scientifiques ou médicaux. De l’autre côte, il attribue à la machine, et plus précisément à la part de hasard du procédé de production, un rôle créateur à part entière. Dans le travail de Hofmann, les accidents que les professionnels de l’impression considèrent comme défauts, sont autant de générateurs de créativité.

« Bonheur automatique », le titre du projet, fait référence à Julien Offay de la Mettrie (1709-1751). Comme Hofmann lui-même, cet érudit universel s’était intéressé à une mécanisation possible de la créativité. L’œuvre L’homme machine de la Mettrie conteste clairement la métaphysique en y opposant un positivisme auquel les performances d’impression de Hofmann ont conférée une dimension contemporaine.

Traduction : Klaus Speidel